Kadims Dilemma: Fiktion und Gegenfiktion im islamischen Radikalismus ; Kadims dilemma: Fiction and counter fiction within islamic radicalism ; Le dilemme de Kadim: fiction et contre-fiction dans le radicalisme islamique
Islamischer Radikalismus ist spätestens seit 9/11 zu einem globalen Thema geworden. Die meisten Analysen befassen sich mit militärischen und polizeilichen Gegenmaßah-men um dem Terror Einhalt zu gebieten. Wir wissen wenig über die psychische Verfassung von Radikalen. Um einen Einblick in psychologische und soziale Determinanten von Radikalisierung zu geben, analysiere ich in meinem Text das Interview mit einem Ex-Radikalen aus Saudi Arabien. Dabei werde ich mich auf zwei zentrale Begriffe der Individualpsychologie Alfred Adlers stützen: die Fiktion und die Gegenfiktion. Ich werde zeigen, wie sich Radikalität als Ergebnis einer Auseinandersetzung zwischen der persönlichen Fiktion des Individuums und der gesellschaftlichen Gegenfiktion Saudi Arabiens ergibt. Weiters analysiere ich die Bedingungen unter denen Radikalismus wieder aufgegeben wird. Ich komme zu dem Schluss, dass die eigentliche Ursache von Radikalität in der Vernachlässigung von Pluralismus bzw. in einer alternativlosen Erziehung liegt. Radikalität ist kein "irrationales" Phänomen. Schlüsselwörter Terror; Radikalisierung; Islam; Saudi Arabien; Erziehung; politisches System; Fiktion; Gegenfiktion; Alfred Adler; Individualpsychologie. ; Islamic radicalism has become a global issue since 9/11, if not before. Most analyses deal with military and police counter-measures to curb terrorism. We know very little about the psycho-logical constitution of radicals. In order to gain insight into the psychological and social determinants of radicalization, in this text I analyze an interview with a former radical from Saudi Arabia. In doing so I will draw on two central concepts from Alfred Adler's individual psychology: fiction and counter fiction. I will show that extremism results from the conflict between the personal fiction of the individual and Saudi Arabia's societal counter fiction. I further analyze the conditions under which radicalism is then given up. I reach the conclusion that the underlying cause of extremism lies in the neglect of pluralism or in an education without alternatives. Extremism is not an "irrational" phenomenon. Keywords Terrorism; radicalization; Islam; Saudi Arabia; education; political system; fiction; counter fiction; Alfred Adler; Individual Psychology. ; Jusqu'il y a quelques décennies, seules certaines disciplines académiques s'intéressaient à l'Islam et leur travail retenait l'attention uniquement de quelques philologues et autres historiens des religions. Or, à dater de 9/11 l'Islam est devenu un thème global. Après la série d'attentats à New York, Londres, Madrid et Mombassa, de nombreuses réflexions stratégiques ont été élaborées pour définir une réponse au terrorisme. La plupart des analyses traitent de contre-mesures d'ordre militaire et policier ; il reste que nous en savons encore beaucoup trop peu sur le psychisme des membres de la mouvance radicale. Dans le cadre d'un projet de recherche, j'ai eu plusieurs occasions durant la période 2006 à 2009 d'interviewer des hommes originaires d'Arabie saoudite ; il s'agissait entre autres d'étudiants, de politiciens, d'hommes d'affaires, d'avocats et d'une personne qui disait être un « exradical ». J'analyse dans mon article l'interview que j'ai menée avec lui, en vue de mieux percevoir les déterminantes psychologiques et sociales qui conduisent au radicalisme. J'utilise deux concepts centraux à la psychologie individuelle selon Alfred Adler : la fiction et la contre-fiction. Je montre que les individus qui adoptent une attitude radicale le font en raison d'un conflit entre leur fiction personnelle et la contre-fiction à laquelle adhère la société. Le conflit qui oppose Kadim (ce n'est pas son vrai nom) aux autorités musulmanes le force à prendre une décision personnelle qui provoque chez lui une première crise et le conduit à devenir takfiri. Sa démarche ne peut être saisie que si l'on tient compte des conditions sociétales et de la culture religieuse qui existent dans son pays : ce n'est en tout cas pas une question de caractère. J'analyse ensuite les conditions qui font qu'une personne renonce à son radicalisme. Dans le cas de Kadim, c'est la rencontre avec la contre-fiction à laquelle adhère un chinois chrétien qui ébranle son identité de takfiri. La trahison d'un ami provoque ensuite une deuxième crise, marquée de dépression et de retrait sur soi. Aujourd'hui, Kadim vit la vie d'un bourgeois bien intégré qui ne renie pas ses opinions, mais qui ne les traduit pas par des actes radicaux ; par contre, il envoie fréquemment des commentaires à des quotidiens et ceux-ci sont publiés. Je parviens à la conclusion suivante : une attitude radicale se manifeste dès lors que le pluralisme est négligé et que l'éducation n'offre pas de solutions alternatives. Il ne s'agit pas d'un phénomène « irrationnel », mais du produit de conditions de socialisation rigides, que ce soit au niveau de la culture, de la société ou de la religion.